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Le Département d'Éducation Physique
de l'Ashram de Sri Aurobindo
AUX FEMMES À PROPOS DE LEUR CORPS
(Réponses à quelques questions)
1. Pour l'amour de Dieu, ne pouve2-vous pas oublier que vous
êtes une fille ou un garçon et essayer de devenir un être humain ?
2. Chaque idée (ou système d'idées) est vraie en son temps et
son lieu. Mais si elle essaye d'être exclusive ou de persister après que son
temps est passé, alors elle cesse d'être vraie¹.
Lorsque nous nous occupons des enfants aux Groupes
d'Éducation Physique, nous rencontrons certains problèmes avec les élèves. Pour
la plupart ce sont des suggestions qui leur viennent d'amies, de filles plus
âgées, de parents ou du docteur. Voudrais-Tu nous éclairer sur les questions
suivantes, de telle sorte que nous soyons mieux informés afin de remplir plus
efficacement nos responsabilités.
1. Quelle doit être l'attitude d'une fille en ce qui concerne
ses règles ?
2. Une fille doit-elle participer au programme normal
d'éducation physique durant ses règles ?
3. Pourquoi certaines filles sont-elles en mauvaise condition
physique pendant leurs règles et souffrent-elles de douleurs lombaires et
abdominales alors que d'autres n'éprouvent que peu ou pas de désagréments ?
4. Comment une fille peut-elle surmonter sa souffrance ou ses douleurs pendant les règles ?
¹Ce
paragraphe a été écrit en français par la Mère.
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5. Penses-Tu qu'il doit y avoir des types différents
d'exercices pour les filles et pour les garçons ? V ne fille abîmera-t-elle ses
organes génitaux en pratiquant les sports prétendus virils ?
6. L'apparence d'une fille changera-t-elle, deviendra-t-elle
musclée comme un homme et sera-t-elle enlaidie par la pratique d'exercices de
force ?
7. Est-ce que la pratique d'exercices de force entraînera
des difficultés dans l'enfantement si les filles désirent se marier et avoir des
enfants plus tard ?
8. En matière d'éducation physique, quel serait l'idéal pour
une fille étant donné son sexe ?
9. Quel rôle l'homme et la femme doivent-ils jouer dans notre
nouvelle manière de vivre ? Quelles doivent-être leurs relations ?
10. Quel devrait être l'idéal de la beauté physique féminine
?
Avant de répondre à vos questions, je veux vous dire quelque
chose que vous savez sans doute, mais qui ne doit pas être oublié si l'on veut
apprendre à se conduire sagement dans la vie.
S'il est vrai que dans notre être intérieur nous sommes un
esprit, une âme vivante qui renferme le Divin et aspire à Le devenir et à Le
manifester parfaitement, il est également vrai que, pour le moment tout au
moins, dans notre être extérieur le plus matériel, dans notre corps, nous sommes
encore un animal, un mammifère, supérieur certes, mais construit comme les
animaux et soumis aux lois de la Nature animale.
On vous a sans doute enseigné qu'une des particularités des
mammifères est que la femelle conçoit l'enfant, le porte et le construit
au-dedans d'elle-même, jusqu'au moment où, pleinement formé, le petit sort du
corps de sa mère pour vivre indépendamment.
En vue de cette fonction, la nature a pourvu la femme d'une
quantité supplémentaire de sang qui doit être utilisée pour l'enfant en
formation.
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Mais comme l'utilisation de ce sang supplémentaire n'est
pas constante, quand il n'y pas d'enfant en formation, le trop plein du sang
doit être évacué pour éviter l'excès et la congestion. Telle est la cause des
règles mensuelles. C'est un simple phénomène naturel, résultant de la façon dont
la femme est bâtie, et auquel il ne faudrait pas attacher plus d'importance
qu'aux autres fonctions du corps. Ce n'est pas une maladie et ne peut être cause
d'aucune faiblesse ni d'aucun malaise véritable. Ainsi une femme normale et pas
ridiculement douillette, après avoir pris les précautions de propreté
indispensables, ne devra plus y penser et mènera sa vie quotidienne comme à
l'ordinaire, sans rien changer à son programme. C'est la meilleure façon de se
bien porter.
D'ailleurs, tout en reconnaissant que dans notre corps nous
appartenons encore terriblement à l'animalité, il ne faudrait pas en conclure
que cette partie animale étant la plus concrète et celle qui est pour nous la
plus réelle, nous sommes obligés de lui être soumis et que nous devons la
laisser nous gouverner. C'est malheureusement ce qui arrive le plus souvent dans
la vie et les hommes sont certainement beaucoup plus les esclaves de leur être
physique que ses maîtres. Pourtant, c'est le contraire qui devrait être, car la
vérité de la vie individuelle est tout autre.
Nous avons en nous une volonté intelligente qui est le premier
instrument, plus ou moins éclairé, de notre être psychique. C'est de cette
volonté intelligente que nous devons nous servir pour apprendre à vivre non
comme un homme animal, mais comme un être humain candidat à la Divinité.
Et le premier pas vers cette réalisation est de devenir les
maîtres de notre corps au lieu de rester ses esclaves impuissants.
Une des aides les plus efficaces vers ce but est la culture
physique.
Depuis un siècle environ s'est produit le renouveau d'une
connaissance très en faveur dans les temps anciens, puis partiellement oubliée.
Maintenant elle se réveille, et avec les progrès de la science moderne,
elle prend une ampleur et une importance toutes nouvelles.
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Cette connaissance traite du corps physique et de
l'extraordinaire maîtrise que l'on peut obtenir sur lui à l'aide d'une éducation
physique éclairée et systématisée.
Ce renouveau a été le résultat de l'action d'une puissance et
d'une lumière nouvelles qui se sont répandues sur la terre pour la préparer aux
grandes transformations qui doivent avoir lieu dans un avenir assez proche.
Nous ne devons donc pas hésiter à donner une importance de
premier plan à cette éducation physique qui a pour but dé rendre nos corps
capables de recevoir et d'exprimer la force nouvelle qui veut se manifester sur
la terre.
Ceci dit, je vais répondre aux questions que vous me posez¹.
1. Quelle doit être l'attitude d'une fille envers ses règles?
L'attitude que vous prenez envers une chose tout à fait
naturelle et inévitable. Donnez-lui aussi peu d'importance que possible et
continuez à mener votre vie habituelle, sans changer quoi que ce soit à cause de
cela.
2. Une fille doit-elle participer au programme normal
d'éducation physique durant ses règles ?
Si elle est habituée à l'exercice physique, elle ne doit
certainement pas s'arrêter à cause de cela. Si l'on prend l'habitude de
toujours mener sa vie coutumière, très vite on ne remarque même pas la présence
des règles.
3. Pourquoi certaines filles sont-elles en mauvaise condition
physique pendant leurs règles et souffrent
¹Cette
section liminaire a été écrite en français par la Mère.
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elles de douleurs lombaires et abdominales alors que d'autres
n'éprouvent que peu ou pas de désagréments ?
C'est une question de tempérament et surtout d'éducation. Si
depuis son enfance une fille a été habituée à accorder beaucoup d'attention au
plus léger malaise et à faire beaucoup d'embarras pour le plus petit
désagrément, alors elle perd toute capacité d'endurance et n'importe quoi
devient une occasion d'être abattue. Spécialement si les parents eux-mêmes
s'inquiètent trop facilement des réactions de leurs enfants. Il est plus sage
d'apprendre à un enfant à être un peu vigoureux, endurant que de prêter trop
d'attention à ces petits désagréments et accidents qui ne peuvent pas toujours
être évités dans la vie. Une attitude de patience tranquille est la meilleure
qu'on puisse adopter pour soi-même et qu'on puisse enseigner aux enfants.
C'est un fait bien connu que si vous vous attendez à une douleur
vous l'aurez vraisemblablement, et, une fois qu'elle est là, si vous vous
concentrez dessus, alors elle augmente de plus en plus jusqu'à ce qu'elle soit
ce qu'on appelle couramment "insupportable", quoique avec un peu de volonté et
de courage il n'y ait presque aucune douleur qu'on ne puisse supporter.
4. Comment une fille peut-elle surmonter sa souffrance ou ses
douleurs pendant les règles ?
Il y a quelques exercices qui rendent l'abdomen fort et
améliorent la circulation. Ces exercices doivent être faits régulièrement et
continués même après que les douleurs ont disparu. Pour les filles d'âge adulte,
cette sorte de douleur vient presque entièrement des désirs sexuels. Si nous
nous débarrassons des désirs, nous nous débarrassons des douleurs. Il y a deux
manières de se débarrasser des désirs ; la première, celle qui est habituelle,
est de leur donner satisfaction (ou plutôt ce qui est appelé ainsi, parce que la
satisfaction n'existe pas dans le domaine du désir).
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Cela signifie mener la vie ordinaire humaine-animale,le mariage, les enfants et tout le reste.
Il y a, évidemment, une autre façon, une meilleure façon le
contrôle, la maîtrise, la transformation ; c'est plus digne et aussi plus
efficace.
5. Penses-Tu qu'il doit y avoir des types différents
d'exercices pour les filles et pour les garçons ? Une fille abîmera-t-elle ses
organes génitaux en pratiquant les sports prétendus virils ?
Dans tous les cas, aussi bien pour les garçons que pour les
filles, les exercices doivent être gradués en fonction de la force et des
capacités de chacun. Si un élève faible essaye tout à coup de faire des
exercices difficiles et pénibles, il risque de payer son imprudence. Mais avec
un entraînement sage et progressif, les filles aussi bien que les garçons
peuvent participer à toutes sortes de sports et accroître ainsi leur force et
leur santé. Devenir fort et être en bonne santé ne peut jamais faire de mal à
un corps, même à un corps de femme !
6. L'apparence d'une fille changera-t-elle, deviendra-t-elle
musclée comme un homme et sera-t-elle enlaidie par la pratique d'exercices de
force ?
La faiblesse et la fragilité peuvent paraître attirantes, vues
sous l'angle d'un mental perverti, mais non dans la vérité de la Nature ni dans
la vérité de l'Esprit.
Si vous avez jamais regardé des photos de femmes gymnastes, vous
saurez quels corps parfaitement beaux elles ont ; et personne ne peut nier
qu'elles sont musclées !
7. Est-ce que la pratique d'exercices de force entraînera des
difficultés dans l'enfantement si les filles désirent se marier et avoir des
enfants plus tard ?
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Je n'ai jamais rencontré un tel cas. Au contraire, les femmes
entraînées à des exercices ardus, et qui ont un corps musclé, traversent
l'épreuve de la formation de l'enfant et de l'enfantement beaucoup plus
facilement et avec moins de douleurs. J'ai entendu l'histoire authentique d'une
de ces femmes africaines qui sont habituées à marcher pendant des kilomètres en
portant de lourdes charges. Elle était enceinte et le moment de son accouchement
vint pendant l'une des marches quotidiennes. Elle s'assit au bord de la piste,
sous un arbre, donna naissance à l'enfant, attendit une demi-heure, puis elle se
leva et, ajoutant le nouveau-né à sa charge, elle continua son chemin
tranquillement, comme si rien n'était arrivé. Voilà un magnifique exemple de
ce qu'une femme peut faire si elle est en pleine possession de sa force et de sa
santé.
Les docteurs diront qu'une telle chose ne peut pas se produire
dans un monde civilisé avec tout le prétendu progrès que l'humanité a accompli ;
mais nous ne pouvons nier que, du point de vue physique, c'est une plus heureuse
condition que toute la sensiblerie, les souffrances et les complications créées
par les civilisations modernes.
De plus, les médecins s'intéressent d'habitude plus aux cas
anormaux et ils jugent principalement de ce point de vue. Mais pour nous, c'est
différent ; c'est à partir du normal que nous pouvons nous élever au supranormal,
pas à partir de l'anormal qui est toujours un signe de perversion et
d'infériorité.
8. Quel serait l'idéal, en éducation physique, pour une fille
étant donné son sexe ?
Je ne vois pas pourquoi il y aurait un idéal spécial d'éducation
physique pour les filles différent de celui des garçons. L'éducation physique a
pour but de développer toutes les possibilités du corps humain, possibilités
d'harmonie, de force, de souplesse, d'habileté, d'agilité, d'endurance, et
d'augmenter le contrôle sur le fonctionnement des membres et des organes, de
faire du corps un instrument parfait à la disposition d'une volonté consciente.
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Ce programme est excellent pour tous les êtres humains
également, et il n'y a pas lieu de vouloir en adopter un autre pour les filles.
9. Quel rôle l'homme et la femme doivent-ils jouer dans notre
nouvelle manière de vivre ? Quelles doivent être leurs relations ?
Mais pourquoi faire une distinction entre eux ? Ce sont tous
également des êtres humains, essayant de développer des instruments convenables
pour le Travail divin, au-dessus du sexe, de la caste, des croyances et de la
nationalité, tous enfants de la même Mère Infinie et aspirants à la Divinité
éternelle unique.
10. Quel devrait être l'idéal de la beauté physique féminine
?
Une harmonie parfaite dans les proportions, dans la souplesse et
la puissance, la grâce et la force, la plasticité et l'endurance, et par-dessus
tout une santé excellente, invariable et inaltérable qui est le résultat d'une
âme pure, d'une confiance joyeuse en la vie et d'une foi inébranlable en la
Grâce Divine¹.
Un mot pour finir :
Je vous ai dit ces choses parce que vous avez besoin de les
entendre. Mais n'en faites pas des dogmes absolus parce que cela leur enlèverait
leur vérité.
Publié en septembre 1960
¹Cette
réponse et les deux paragraphes de la fin ont été écrits en français par la
Mère.
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